À l’initiative des premières classes bilingues en Alsace, l’association ABCM est la seule à pratiquer l’enseignement immersif depuis 2017. À l’époque, l’académie de Strasbourg le lui avait reproché.
L’association ABCM Zweisprachigkeit, créée par Patrick Kleinclaus et Richard Weiss avec d’autres parents d’élèves, a toujours été un aiguillon en Alsace. En septembre 1991, il y a bientôt 30 ans, elle a lancé les premières classes bilingues, avant d’expérimenter l’immersion complète en 2017, soit un enseignement en langue régionale destiné à « compenser » la langue dominante, tel que d’autres écoles privées le pratiquent de longue date, notamment en Bretagne.
Une « aisance éloquente »
En 1991, ABCM ne pensait pas qu’il y ait « forcément une adhésion pour l’immersif, politiquement et socialement », explique sa présidente Karine Sarbacher. Et « à cette époque, l’alsacien était encore présent dans les familles ». Mais « il y a 15 ou 20 ans, poursuit-elle, nous nous sommes rendu compte que cela ne suffisait plus aux enfants pour atteindre une parité de compétences linguistiques et nous avons préparé le passage à l’immersion. Notre directrice pédagogique a revu les programmes, nos enseignants ont été formés, cela a pris des années ».
En commençant par introduire l’alsacien dans ses maternelles « à hauteur d’une ou deux demi-journées par semaine, il y a une dizaine d’années, ABCM a déjà pu constater « des bienfaits » sur l’apprentissage de l’allemand au CP. Puis, les premières classes en immersion complète, à 50 % en alsacien et à 50 % en allemand, ont été progressivement ouvertes à Haguenau, Ingersheim et Mulhouse. Les maternelles de Muespach, Gerstheim, Lutterbach ont suivi, soit actuellement 12 classes de 22 à 25 enfants dans la moitié du réseau ABCM, en attendant celle de Schweighouse-sur-Moder à la rentrée. Au CP, les cours immersifs sont à 100 % en allemand standard ; le français est enseigné à partir du CE1, avec à nouveau de l’alsacien à plus petites doses.
« La base de la lecture et de l’écriture, c’est le “Hochdeutsch”, ce serait plus difficile avec les variantes en alsacien », argumente Karine Sarbacher. « On part du principe que les deux sont complémentaires. Les enfants font rapidement des liens, retrouvent des mots. Ils s’expriment vraiment et leur aisance est éloquente, tant dans la compréhension que dans la production. »
En 2017, la rectrice de l’académie de Strasbourg, Sophie Béjean, avait reproché à ABCM un manque de respect des « règles et programmes de l’enseignement public », avant d’accorder une « expérimentation » sur cinq ans. Raison pour laquelle, l’association s’était engagée dans un Pilé (Projet immersif en langue régionale et évaluation) consistant à faire suivre une cohorte d’écoliers et leurs enseignants par trois universités (Strasbourg, Fribourg et Genève). Une validation scientifique à laquelle l’association tient toujours, même si la loi Molac vient de la conforter dans son choix de l’enseignement immersif.
source : https://c.dna.fr/actualite/2021/04/17/l-immersif-d-abcm-conforte